mar. Mar 28th, 2023

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Tunisie: Nouveau vote pour le Parlement avec la participation comme baromètre

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Un panneau d'affichage électoral pour le deuxième tour des législatives prévu le 29 janvier est photographié à Tunis, le 25 janvier 2023 (Photo, AFP).
Un panneau d’affichage électoral pour le deuxième tour des législatives prévu le 29 janvier est photographié à Tunis, le 25 janvier 2023 (Photo, AFP).
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  • Au premier tour, le 17 décembre, seuls 11,22% des électeurs s’étaient déplacés, soit la plus forte abstention depuis la Révolution de 2011

TUNIS: Quelque 8 millions de Tunisiens sont invités à voter dimanche pour élire un nouveau Parlement aux pouvoirs limités par le président Kais Saied, sur fond de désaffection pour la politique et de difficultés économiques croissantes.

Deux-cent-soixante-deux candidats (pour 131 des 161 sièges) se présentent au deuxième tour des législatives, l’une des dernières étapes de l’instauration d’un système ultra-présidentialiste, objectif affiché de M. Saied depuis son coup de force de l’été 2021.

Le 25 juillet 2021, jugeant le pays ingouvernable, le président limogeait son Premier ministre et gelait l’Assemblée parlementaire, dissoute au printemps 2022 avant une réforme de la Constitution l’été passé qui restreint grandement les prérogatives du Parlement.

Celui-ci, formé de l’Assemblée des députés, élus dimanche, et d’un Conseil national des régions (encore à établir), « n’accorde pas la confiance au gouvernement et ne peut pas le censurer, sauf à la majorité des 2/3 des deux chambres et au bout de deux motions », rappelle le juriste et politologue Hamadi Redissi. En outre, le président ne peut être destitué même pour faute grave.

« Vu le désintérêt de la population » pour la politique, « ce Parlement aura peu de légitimité, le président tout puissant grâce à la Constitution de 2022 pourra le dominer à sa guise », estime Youssef Cherif, expert du Columbia Global Centers.

Au premier tour, le 17 décembre, seuls 11,22% des électeurs s’étaient déplacés, soit la plus forte abstention depuis la Révolution de 2011 qui fit chuter le dictateur Ben Ali et marqua l’avènement de la démocratie.

Les experts prévoient une participation de nouveau faible.

Comme au premier tour, l’opposition, marginalisée par un mode de scrutin interdisant aux candidats d’afficher une affiliation politique, a appelé à boycotter le vote, au nom aussi de son rejet du « coup d’Etat » de M. Saied.

La campagne apparaît fade, avec peu de panneaux électoraux et des candidats majoritairement inconnus.

Pour mobiliser l’opinion, surtout la jeunesse qui avait massivement voté en 2019 pour M. Saied, alors novice en politique, l’autorité électorale a organisé des débats télévisés aux heures de grande écoute.

Mais dans la rue, l’attention est ailleurs.

La population a vu son pouvoir d’achat plonger avec une inflation supérieure à 10%, et subit des pénuries sporadiques de produits comme le lait, l’huile ou la semoule.

L’envoi par la Libye voisine de 170 camions d’aide alimentaire la semaine passée a été vécu comme une « humiliation » par beaucoup de Tunisiens.

« Le pays est au bord de l’effondrement », estime M. Redissi, inquiet des pénuries que « le président impute pathétiquement aux ‘spéculateurs’, ‘traîtres’, ‘saboteurs' ».

«Mécontentement général»

Malgré un « mécontentement général » alimenté par des grèves des transports ou de l’enseignement, les manifestations ne mobilisent pas les foules et « il se peut que le statu quo continue tant que le Tunisien lambda ne verra pas d’alternative crédible au président Saied », estime M. Cherif.

L’opposition, qui a appelé le président à démissionner après le camouflet du premier tour, reste divisée en trois blocs inconciliables: le Front de salut national coalisé autour du parti d’inspiration islamiste Ennahdha – bête noire de M. Saied –, le PDL d’Abir Moussi qui revendique l’héritage de Ben Ali et les partis de gauche.

Autre impasse: les négociations cruciales du pays, très endetté, avec le FMI pour un prêt de quasi 2 milliards de dollars piétinent depuis des mois.

Divers facteurs semblent freiner un accord: d’abord il y a, selon M. Cherif, « le rôle des Etats-Unis », poids lourd du FMI, inquiets d’une dérive autocratique en Tunisie, « étoile déchue » alors qu’elle était « un modèle de démocratie ».

Et le président Saied « semble hésiter à accepter les diktats du FMI » pour des réformes douloureuses comme la levée des subventions sur les produits de base, décrypte M. Cherif.

Il y a « un décalage flagrant entre les déclarations souverainistes intempestives du président contre les organisations internationales, et le programme proposé au FMI par le gouvernement », abonde M. Redissi.

Lueur d’espoir à ses yeux: « l’initiative de la dernière chance » pilotée par la puissante centrale syndicale UGTT avec la Ligue des droits de l’homme, l’Ordre des avocats et l’ONG socio-économique FTDES pour un « plan de sauvetage » du pays.


Blinken arrive au Caire, première étape de sa tournée moyen-orientale

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est arrivé dimanche en Egypte pour une tournée éclair en pleine flambée des violences israélo-palestiniennes. (AFP)
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est arrivé dimanche en Egypte pour une tournée éclair en pleine flambée des violences israélo-palestiniennes. (AFP)
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  • Lors de son étape au Caire, avant Jérusalem et Ramallah lundi et mardi, M. Blinken rencontrera le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ainsi que son homologue égyptien Sameh Choukri
  • L’Egypte étant un intermédiaire historique entre Palestiniens et Israéliens, la situation dans les Territoires occupés sera au menu des discussions

LE CAIRE: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est arrivé dimanche en Egypte pour une tournée éclair en pleine flambée des violences israélo-palestiniennes, avec le mince espoir d’user de l’influence des Etats-Unis pour tenter d’apaiser les tensions.

Lors de son étape au Caire, avant Jérusalem et Ramallah lundi et mardi, M. Blinken rencontrera le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ainsi que son homologue égyptien Sameh Choukri. L’Egypte étant un intermédiaire historique entre Palestiniens et Israéliens, la situation dans les Territoires occupés sera au menu des discussions.


Un Palestinien «armé» tué par des gardes de sécurité israéliens en Cisjordanie

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (au centre) arrive sur le site d'une attaque signalée dans un quartier de colons de Jérusalem-Est annexé par Israël, le 27 janvier 2023. (Photo par Ahmad Gharabli / AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (au centre) arrive sur le site d’une attaque signalée dans un quartier de colons de Jérusalem-Est annexé par Israël, le 27 janvier 2023. (Photo par Ahmad Gharabli / AFP)
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  • Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis une réponse «forte» et «solide» à deux attaques menées vendredi et samedi par deux Palestiniens de Jérusalem-Est, partie de la Ville sainte occupée et annexée par Israël
  • Karam Ali Ahmad Salman, 18 ans, a été tué par «l’occupation israélienne près de la colonie de Kdumim», a indiqué le ministère palestinien de la Santé

RAMALLAH : Des gardes de sécurité israéliens ont tué un Palestinien à proximité d’une colonie en Cisjordanie occupée, a indiqué le ministère de la Santé palestinien, l’armée israélienne affirmant qu’il était armé.

Karam Ali Ahmad Salman, 18 ans, a été tué par « l’occupation israélienne près de la colonie de Kdumim », a indiqué le ministère palestinien de la Santé.

L’armée israélienne a rapporté qu’une « équipe de sécurité civile » a ouvert le feu sur une personne « armée d’un pistolet » près de cette colonie située dans le nord de la Cisjordanie.

Kedumim a été construite sur des terres palestiniennes privées, selon le ministère palestinien de la Santé.

Au moins 32 Palestiniens (incluant des auteurs d’attaques, des combattants et des civils) ont été tués depuis le début d’année, selon un décompte de l’AFP basé sur des sources officielles.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis une réponse « forte » et « solide » à deux attaques menées vendredi et samedi par deux Palestiniens de Jérusalem-Est, partie de la Ville sainte occupée et annexée par Israël.

Vendredi soir, un Palestinien de 21 ans a tiré sur des passants à proximité d’une synagogue dans le quartier de colonisation de Neve Yaacov, tuant sept personnes avant d’être abattu. Samedi matin, un Palestinien de 13 ans a blessé par balles deux Israéliens à Silwan, à deux pas des remparts de la Vieille Ville.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est attendu à Jérusalem et Ramallah lundi et mardi pour évoquer des mesures en vue d’une désescalade.

L’année 2022 avait déjà été la plus meurtrière en Cisjordanie depuis la fin de la seconde Intifada (le soulèvement palestinien de 2000 à 2005).

Selon un décompte de l’AFP, le conflit a fait l’an passé plus de 200 morts palestiniens et coûté la vie à au moins 26 Israéliens.

 


Blinken au Proche-Orient en pleine flambée des violences

Le déplacement, qui l'amènera à Jérusalem et à Ramallah lundi et mardi après l'étape du Caire, a été programmé de longue date (Photo, AFP).
Le déplacement, qui l’amènera à Jérusalem et à Ramallah lundi et mardi après l’étape du Caire, a été programmé de longue date (Photo, AFP).
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  • Blinken doit plaider auprès des dirigeants israélien Benjamin Netanyahu et palestinien Mahmoud Abbas la nécessité de «prendre urgemment des mesures en vue d’une désescalade»
  • Sa marge de manoeuvre paraît limitée au-delà des appels répétés au calme, tant le conflit israélo-palestinien semble dans l’impasse

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken entame dimanche en Egypte une tournée éclair au Proche-Orient en pleine flambée des violences israélo-palestiniennes, avec le mince espoir d’user de l’influence des Etats-Unis pour tenter d’apaiser les tensions.

Le déplacement, qui l’amènera à Jérusalem et à Ramallah lundi et mardi après l’étape du Caire, a été programmé de longue date mais intervient au moment où, en quelques jours, la situation sécuritaire s’est soudainement dégradée.

Un attentat près d’une synagogue à Jérusalem-Est vendredi a fait 7 morts, tandis que l’armée israélienne frappait le même jour la bande de Gaza en réponse à des tirs de roquettes en provenance du micro-territoire palestinien.

Et ce après un raid israélien jeudi à Jénine, en Cisjordanie occupée, le plus meurtrier depuis des années.

Un père et son fils ont été par ailleurs blessés par balles samedi par un adolescent de 13 ans, dans une nouvelle attaque palestinienne à Jérusalem-Est.

Face à ce regain de violence, M. Blinken doit plaider auprès des dirigeants israélien Benjamin Netanyahu et palestinien Mahmoud Abbas la nécessité de « prendre urgemment des mesures en vue d’une désescalade », a assuré vendredi un porte-parole du département d’Etat, Vedant Patel, après que Washington eut condamné l’attaque « épouvantable » à Jérusalem-Est.

Le conflit israélo-palestinien risque fort aussi de dominer l’entretien avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, Le Caire jouant historiquement un rôle d’intermédiaire auprès des Palestiniens.

Mais la marge de manoeuvre du secrétaire d’Etat paraît limitée au-delà des appels répétés au calme, tant le conflit israélo-palestinien semble dans l’impasse.

Des experts interrogés par l’AFP ne s’attendaient pas d’ailleurs à de percées notables sur la capacité de Washington d’influer sur le cours des évènements, même si les Etats-Unis devraient à nouveau marteler leur soutien à la solution des deux Etats israélien et palestinien.

« Je pense que le mieux qu’ils puissent obtenir c’est que les choses se stabilisent afin d’éviter une répétition de mai 2021 », assure Aaron David Miller, ancien négociateur américain et expert à la Fondation Carnegie pour la paix internationale de Washington, faisant référence à la guerre à Gaza.

Ghaith Al-Omari, expert du Washington Institute, estime que « cette visite ne signale aucun changement de la position américaine au regard du conflit israélo-palestinien » mais, prédit-il, « la conversation (avec Mahmoud Abbas) ne va pas être agréable ».

Visites en cascade

La visite de M. Blinken en Israël traduit la volonté de Washington de renouer rapidement avec le Premier ministre revenant Benjamin Netanyahu, qui dirige à présent le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël.

Ses relations avec l’administration démocrate du président Joe Biden ont été notoirement tendues, notamment sur le nucléaire iranien, mais le fait que toute résurrection de l’accord de 2015 soit actuellement dans les limbes devrait faciliter le dialogue.

Elle intervient après celle du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, qui avait assuré le Premier ministre israélien du soutien des Etats-Unis.

« Je n’ai jamais vu autant de visites à un tel haut niveau sous quelque administration que ce soit », souligne Aaron David Miller.

« C’est sans précédent », ajoute-t-il, évoquant une possible venue en préparation de M. Netanyahu à la Maison Blanche dès le mois de février.

« C’est un peu comme si on inondait la zone », renchéri un autre expert, David Makovsky, du Washington Institute, selon qui le directeur de la CIA, William Burns, s’est récemment rendu dans la région.

Lors de son déplacement, M. Blinken insistera sur « l’importance de maintenir le statu quo historique » sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est.

La visite début janvier de ce lieu saint par la figure de l’extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avait suscité une vague de condamnations internationales.

Les accords d’Abraham, processus de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes, devraient aussi figurer au menu des discussions, M. Netanyahu caressant l’espoir d’y rallier l’Arabie saoudite.

Au Caire, M. Blinken devait aborder dimanche avec les autorités égyptiennes, outre le conflit israélo-palestinien, une série de questions régionales, y compris sur la Libye et le Soudan.

Washington entretient des relations cordiales avec l’Egypte, qui est l’un des principaux bénéficiaires de l’aide militaire américaine, mais souvent teintées d’embarras sur la question des droits de l’homme.

Le chef de la diplomatie américaine doit d’ailleurs rencontrer au Caire des acteurs de la société civile et des militants des droits humains, a indiqué une haute responsable du département d’Etat, Barbara Leaf.